Journal d'un parfumeur
Livrées par bribes au fil d'une année, d'octobre 2009 à octobre 2010, ces réflexions, rencontres, anecdotes de tous les jours, nous invitent au cœur d'un moment de vie d'un créateur qui se voue aux odeurs. Le sujet, le métier, m'intéressent au plus haut point. Mais je maperçois que ses mots sont plus mesurés que passionnés et que mon exhaltation pour les odeurs n'a rien de commun avec cet homme pour qui le monde des odeurs est connu, mesuré, écrit, quantifié... Je n'en suis pas émue outre mesure, je le conçois, le constate tout simplement.
Ce que je retiens, c'est sa capacité à traduire en parfum une odeur rencontrée, comme la poire qu'il veut "craquante", ou encore en découler l'idée qu'elle lui inspire. Il en va de même avec la porcelaine ou la menthe... J'aime ses mots qui me sont inconnus et me font rêver, j'aime apprendre que les muscs blancs de synthèse (mes chéris) ont remplacé les agrumes utilisés autrefois pour donner l'idée de propreté. Je souris en lisant que son père, déjà dans le métier, avait l'habitude de tout sentir, car j'ai un peu la même manie... Une fraise qui ne sent rien ne me fait pas envie. Plus anecdotique pour moi, mais sûrement apprécié, décortiqué par la presse, tout ce qui évoque son travail en cours pour Hermès : ses recherches qui deviendront - ou non - de nouveaux parfums, ceux qui existent et qu'il donne envie de re-sentir comme Un jardin après la mousson, parmi ses favoris, plus que Terre (que porte mon mari)... Enfin, j'aime le parallèle avec le monde des mots. Car les mots disent les odeurs, ont cette puissance d'évocation et là encore, je suis dans mon élément. Bref, je recommande.
Par Jean-Claude Ellena, parfumeur d'Hermès. A également écrit un Que sais-je sur les parfums. Sorti au Livre de Poche en mai 2012, 6,10 euros. Pour en lire (beaucoup) plus sur ce livre : link